Voilà onze jours que nous avons quitté La Grande-Motte et nous commençons à nous installer dans notre nouvelle vie. La maison est plus petite et nous devons être beaucoup plus organisés et ordonnés, mais le jardin est beaucoup plus grand et la piscine bien belle. Mais revenons un peu en arrière…
Je regarde les trois sacs qui restent. Non ! Ils ne vont pas rentrer dans le coffre. L’Evasion a été transformée en fourgonnette d’Arabes en partance pour le pays. Elle est pleine jusqu’au toit. Sur le toit, il y a la planche, le vieux vélo et ce que je n’ai pu entasser dedans. Non ! La place pour l’autostoppeuse ne peut même pas être sauvée… Je vais devoir voyager avec ces trois putains de sacs comme voisins de route.
Quelle folie ! Pourquoi quitter cette maison, cette vie où nous nous sentons bien ? Certes, mon boulot me prend la tête mais c’est devenu classique par les temps qui courent, il y a des hauts et des bas comme pour tout le monde. Ici, les enfants sont heureux, ils ont plein de copains, font du sport, travaillent bien dans un environnement sain, l’école est d’un bon niveau, ils prennent leurs vélos et vont chez les uns ou les autres, pour un oui ou pour un non, y déjeunent, y jouent, y travaillent, y chahutent, y discutent, y dorment… Yannick est comme un poisson dans l’eau, elle a son atelier de peinture dans lequel elle s’exprime pleinement, ses copines pour papoter ou prendre un café quand la maison s’est vidée, un jardin pour rêver du soleil et une terrasse pour en profiter. Elle rayonne, du reste elle est encore plus belle ! Nous vivons dans un petit village aux portes de Paris.
Nous avons fêté, une année nos dix ans de mariage, déguisés en pirates, matelots, conquistadors, aventurières, sirènes, filles de port… Une autre, mes quarante ans en rêves et fantasmes… Les potes sont venus nombreux et nous avons fait la fête jusqu’à l’aube…
Les enfants vont skier une fois par an, font du surf ou de la voile en vacances… Nous avons une vie heureuse, que demander de plus ! Alors pourquoi quitter tout ça, sans savoir où nous allons ?
Si, sur un bateau ! Oui, mais dans nos cœurs, le risque en vaut-il la peine ?
Bon, assez rêvassé, la voiture est pleine, la maison louée, le boulot prévenu, les impôts informés, les copains avec nous, la famille motivée, le bateau prêt, enfin presque… Tu ne peux plus faire machine arrière… et pourquoi donc ? Car on l’a longuement méditée et préparée cette année sabbatique…
Il est neuf heures quand je ferme la maison pour la laisser au locataire. Je suis attendu pour dîner chez Alec, un copain de Coët, il est à Roanne, sur la route du Sud, à quatre heures de Paris… J’y arrive à une heure du mat... Il m’attend avec un, voire deux whiskies… Je décompresse, enfin parti. On se raconte nos vies, je picole, ne dîne pas, je n’ai pas faim. Il est trois heures du mat, je monte me coucher et m’endors en me disant : « Ça y est, c’est parti, nous allons vivre notre rêve ; enfin, mon rêve que j’ai fait nôtre. »
Que de responsabilités, que d’inconscience … !!!
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